Sortir de sa zone de confort n’est pas toujours facile, je pense que vous le savez aussi bien que moi..
Si c’est un bon moyen de découvrir de nouvelles expériences, de prendre du recul et parfois de ré apprendre à apprécier ce que nous possédons, cela n’en reste pas moins une démarche perturbante : perdre ses réflexes, reposer des questions globales, regarder un ensemble, se frotter à des problématiques jusqu’alors ignorées… Il y a de quoi vous faire enclencher le retour arrière !
Ce qui vaut dans la vie, vaut aussi en cuisine, qui constitue pour moi un lieu d’évolution, un terrain de jeu où je parviens à m’exprimer, à laisser parler mes émotions, à prendre du plaisir et à me sentir un peu plus à ma place. C’est en tout cas le fil de conducteur de mon univers culinaire et un principe clé de mon projet de reconversion : découvrir ou redécouvrir des primeurs, des saveurs ; combiner et croiser des cultures gastronomiques et surtout partager avec vous ces découvertes.
Avoir un projet soulage, le concrétiser fait renaître.
Bien souvent, on se contente de rêver, de dire qu’on aimerait tout plaquer et recommencer de zéro, sans jamais oser le faire. Dans certains cas, on refoule même cette envie, par peur de paraître ridicule, d’être jugé par son entourage ou encore d’échouer.
Personnellement, je rêve de ce projet depuis longtemps, j’en ai toujours parlé en précisant que l’idée avait encore besoin de grandir en moi et que je me lancerai le moment venu, sans savoir réellement quand cela arriverait.
Le déclic m’est apparu fin 2019, après une longue période de remise en question, qui a abouti aux constats que j’étais :
– déçue et lassée des systèmes économiques et politiques des grandes entreprises,
– perdue au milieu des discours génériques, des manoeuvres vaines et artifices déployés pour des sujets essentiels, des batailles infantiles auxquelles nous assistons,
– épuisée par cette boule au ventre le matin avant de partir travailler,
– saturée d’être éteinte et sans envies, le soir en rentrant.
Il était urgent, pour ne pas dire vital que je trouve un moyen de redonner du sens à mon quotidien, de revenir à des choses simples et concrètes, redonner une place à chacun d’entre nous et un début de réponse aux préoccupations individuelles pour un retour aux sources, un respect de la nature et de l’homme.
Sans prétendre vouloir et pouvoir tout révolutionner, je souhaite agir là où je pense pouvoir influer, même s’il ne doit s’agir que d’une petite goutte à l’échelle de ce qu’il faudrait.
Après de longues et sérieuses discussions avec ma moitié, j’ai eu le courage de franchir la marche. Poser un congé pour création d’entreprise, prévenir son employeur, informer son entourage, se donner un timing pour aboutir n’a pas été facile, mais quel soulagement ressenti une fois ces étapes passées.
Avec une idée encore assez floue du projet et les craintes à l’égard des réactions de mon entourage, j’ai vraiment du prendre mon courage à deux mains pour ne pas renoncer avant d’en parler ouvertement.
Finalement, lorsque j’ai fait part de ma décision et malgré les nombreuses questions en suspens, l’accueil a été plus que bienveillant : mon entourage s’y attendait plus ou moins et a salué le courage de cette décision.
Pour autant, le bon accueil de ce projet ne suffit pas à supprimer les doutes et rendre facile ses étapes de construction. Car malgré tout, me lancer dans le domaine de la restauration, après une carrière de 20 ans dans l’informatique, ce n’est pas rien ! Mais comme le disent beaucoup de mes amis, je suis une battante ! Et puis, comme dans le sport, j’adore relever les challenges de tous genres, alors c’est parti, je me lance ! J’apprendrais en marchant… et pour reprendre un proverbe japonais, si je dois tomber sept fois, je me relèverai une huitième !
Dans le prochain épisode, la naissance du concept…